Les feuillets de la nuit s’envolent en silence
Au-dessus des ponts nus où rôde un épervier
Le regard aiguisé par le sang d’un gravier
Répandu sur les quais d’un canal de faïence.
L’eau trouble d’un bassin cache la lactescence
D’un temps…
Dans la pâte de soie où se roule la nuit
Des cornes de saphir couvertes d’un voilage
Flottent au vent du nord dont le sombre visage
Abreuve l’univers d’une pulpe de fruit.
Des rayons de miel pur à l’odeur de biscuit
Dévorent le sile…
Sous la poudre des mots se glisse un angelot
Dont les mains de saphir creusent l’incertitude
De recopier le temps par peur de l’habitude
Pour que chante la voix d’un lointain camelot.
Traînant dans sa mémoire un pas et son grelot
Le sol…
Un ogre descendu d’un ciel de pacotille
Dévorait le mouchoir d’un chardon qui pleurait
Car un tabellion par orgueil le leurrait
En le faisant cousin d’une blonde jonquille.
Emu par la douleur d’une fleur si gentille
Un âne bon enfant que le p…
Pâle comme un flocon qui tombe d’une étoile
La nuit se pose enfin sur le bout d’un rocher
Qui garde le vieux port sous son regard d’archer
Face aux vagues d’écume à la bouche de toile.
Les navires de guerre arrachés de leur voile
Surgissent d…
Sous les voûtes d’un pont construit par les romains
Des plantes sans soleil aux sèves de mercure
Parfument à leurs doigts l’encre d’une écriture
Qui glisse entre les mots des rires inhumains.
Des femmes sans visage abritent sous leurs mains
L…
« Si j’ai le courage de vous adresser ce courrier, ce n’est ni pour avouer un crime ni pour vous faire part de faits en ma connaissance dans une affaire close depuis bien des années et sur laquelle ni vous ni le procureur n’ont eu la curiosité de m’i…
Caressant le soleil habillé de droguet
La brise a déposé sur le bord de la plage
Les moufles de satin d’un paresseux nuage
Qui souffle dans le ciel des bulles de muguet.
Comme les bois dressés d’un tout jeune daguet
Des racines de vent bourso…
A la source du vent jaillit une fontaine
Que des brindilles d’or couvrent de leur éclat
Pour enchâsser la nuit dans un grain de muscat
Rougi par un soleil à la barbe de laine.
Des filles de village aux peaux de porcelaine
Dansent sur le pa…
Un arlequin brodé sur un coin de rideau
Passe à travers le temps comme un souffle de verre
Que le soleil emplit d’un grand coup de tonnerre
Pour donner aux enfants un éclair en cadeau.
Sur le frêle ponton d’un éternel radeau
Des chevaliers de bois …
En caressant la cendre et son duvet de braise
Le vent souffle de l’or sur le palais glacé
Que des voiles de brume au sang violacé
Baignent du faux reflet d’une sombre fournaise.
Sous les voûtes résonne un murmure de glaise
Comme si le silence au go…
Il rôde dans le froid un lambeau de mystère
Qui frôle d’un soupir le voile d’un brouillard
Dont les ongles de givre écorchent un vieillard
Assoupi sur un banc devant un presbytère.
Des feuillets de silence effleurent un cratère
Où se tapit la peur …
Dans un éclat de glace où fond un bout d’éclair
Le visage d’un ange a réjoui le monde
D’un sourire pesé au poids d’une seconde
Qui coule à l’horizon comme un fil de mohair.
Des bulbes d’iris blancs dans une bulle d’air
Gonflent leur ventricule et d…
Mon petit saule pleureur.
J’ai toujours aimé le saule pleureur. C’est peut-être mon côté fleur bleue. On se sent bien sous cet arbre, sous la compassion de ses branches. En installer un dans le jardin, j’y pense depuis quelque temps, mais s…
Dans l’alcôve du soir où s’abrite la lune
Une flamme de cire ouvre de son rayon
Le trésor d’un poème affublé d’un haillon
Que des perles de menthe ourlent de leur fortune.
Des mouettes en deuil par-dessus la lagune
Piétinent le silence au pas de ba…
Sans nulle autre clarté que celle de la lune
Une page de neige effleure de son bruit
La peau claire d’un ange apparu dans la nuit
Comme un souffle de soie à la saveur de prune.
Sur un chemin noirci par des feux de fortune
Des arches de dentelle où …
Trema. Ha freddo. Abbraciala. Non romperla, è fragile. Lei è tutta commossa. Stringila contro di te che si coccola. Mostragli che sei qui. Tu. Prima che si rabbrividisce ancora di più cingendola. Sfiora delle tue dita le sue guance, asciuga le la…
Dans l’urne de porphyre où brûle le savoir
Des pépites de sable et des masques de verre
Mélangent du cristal à la pâte de terre
Qui gonfle sous les doigts d’un homme de pouvoir.
Des dentelles de bruits plongent dans un lavoir
La lumière embaumée au…
La pauvreté, c’est triste. Il peut y avoir le manque d’argent, mais je ne parle pas de ça, je parle des jours vides où rien de neuf ne se passe. Ces jours-là, on s’appauvrit et on devient cons, on s’enterre dan…
De mes yeux opalins à ma barbe salée,
La tristesse a creusé de trop profonds sillons.
J’étais redescendu dans l’immense vallée
Mais c’était sans compter sur quelques tourbillons.
Je te vis t’en aller me laissant solitaire
Sur cette digue mort…
Le temps éteint et tue la flamme du visage
De la grande statue au soir du fond des âges,
Elle en a vu mourir des mois et des années,
Nos ancêtres courir et passer nos aînés.
On regarde devant sans regarder derrière :
Mais qui posait vivant pou…
Quand on est à la rue à 52 ans, que le paysage nous a adoptés, que l’assistance sociale se déculpabilise en mettant du « Monsieur » et du « Madame » en-voici en voilà, que l’on devient quasi invisible en tant qu’êt…
Sang versé sur le réceptacle fibreux
Sang contenu dans une tige de plastique
Sang qui s’épuise d’une vitesse dramatique
Sang qui traçait autrefois mille histoires bleues
Les stylos à quatre couleurs offrent un maintien solide
Pour que le poignet p…
On ne sait pas parler
Notre cri d’amour nous étouffe
Tapis au fond de nous.
Il faut un coup, un coup de la vie
Pour se rendre compte
Que l’on est submergé par les inquiétudes
Il faut un coup de la vie
Pour qu’apparaisse l’essentiel
Cette s…