Devant toi, l’eternité

Devant la nature, il n’y a plus d’hier ni de demain. Il n’y a que l’éternité qui te regarde en silence.   Devant toi l’éternité   Regarde autour de toi. La nature est là, belle, immuable. Elle guérit ton corps, elle apaise ton âme.   Elle é…

Priscilla

Tu étais prisonnière de tes moindres désirs, Ou même auxiliaire du plaisir. Car une vie entière sans avoir à choisir Ne laisse que peu matière à loisir…   Alors tu vis, Alors tu vis, Et tu vis tes envies, Et tu vis tes envies...   Tu bois…

Gouffre en fusion

Dans un creux de caverne au milieu de la nuit Une aile de saphir jaillissant de la grève Touche de sa splendeur un visage de rêve Que des anges en feu dévorent comme un fruit.   Ce sont des conquérants dont le souffle conduit Vers les murs d’un…

Repli & nouvel élan

Le costume était installé dans le canapé où je l’avais laissé depuis son achat. Veste et pantalon noirs, chemise blanche, col classique, manchettes mousquetaires, un mois de salaire. Même pas sur mesure. « Généralement on prend une taille en dessous.…

L'ennemi est à l'intérieur

En chemise de nuit, sur le balcon. Jambes nues. Tête froide.  Cloître ou HLM, la fragilité s'entasse. Folie bruyante dans le salon.   Tu dors mal. Tu ne dors pas Tu dors comme on a mal, Même s'il n'est plus là.   Sac à demain, vertige de la …

A ton désarmant silence

A ton désarmant silence, je demeure interdit. Sur la pointe du cœur, les aiguilles Se retirent, à mesure que je souris. Il n'est plus d'attente dans la file.   Comme un monologue infini, un tête à tête sans ta parole. Apprenant à décrypter les …

Dans la tronche

Dans la tronche By Michel Tournier      Ce matin, j’étais fatigué. On m’a jeté l’aube à la figure. « Mon Dieu, qu’est-ce qu’il se passe ? » On m’a préparé un café trop rapide. On m’a habillé comme un pantin. On m’a jeté une place sous les pi…

Farine de savon

Des lettres de sirop brûlant la grenadine Au bout d’un baiser fou rempli de boniments Ecrivent une histoire aux riches sentiments Que la lune en colère trouve très anodine.   En cousant des cercueils d’un fil de pyridine Elle suit la laideur de…

Un aller sans retour (8)

Quelques semaines après, André retourne au cimetière de Thiais, c’est le rythme sur lequel il s’est entendu avec l’association ; assister, dans la mesure du possible, à un hommage tous les deux mois. Les tombes des personnes sans chez soi se succèdent dans le carré de la Fraternité qui leur est réservé. En passant devant celle d’Alice, il voit que les chrysanthèmes jaunes qu’ils y avaient déposés sont maintenant fanés ; il repassera après la cérémonie d’aujourd’hui pour les enlever. Il la remercie silencieusement de lui avoir permis de retrouver Alicia. C’est là, devant la tombe d’Alice, qu’il décide que désormais, quand il pensera à Alice ou parlera d’elle, il dira Alicia, car si l’Alice de sa jeunesse n’est plus, Alicia, elle, est bien vivante. Quand il se rendra au siège de l’association pour y déposer le compte-rendu après l’hommage de ce jour, il ira voir la personne de permanence pour savoir si on a réussi à retracer la vie d’Alice, et à retrouver et joindre sa famille.

Un aller sans retour (7)

Une fois arrivé à l’appartement, il ouvre le canapé, fait une toilette rapide et se couche. Le lendemain matin, il doit prendre le train à dix heures. Après une nuit de sommeil agité, il se lève, s’habille rapidement, met les derniers vêtements sales dans la valise, prépare un café avec la machine. Il laissera les capsules restantes pour les prochains voyageurs de passage ; en revanche, bien qu’il n’aime pas gaspiller, il jettera les chips et ce qui reste dans le frigo à la poubelle, qu’il descendra au dernier moment, quand Marie-Claude sera arrivée pour récupérer les clés. À neuf heures, elle l’appelle, elle est en bas, devant la porte de l’immeuble. Il met le sac à dos sur ses épaules, dépose le sac poubelle et sa valise sur le palier, vérifie que toutes les lumières sont bien éteintes, ferme la porte et descend. Il lui donne les clés, la remercie, et ils s’embrassent comme de vieux amis avant de se saluer. André remonte la rue pour se rendre à la gare. Marie-Claude le regarde partir…