Pourtant l’eau croupie est nécessaire au renouveau. J’ai le sentiment qu’en aimant la vie, nous aimons une réalité qui doit pourrir et sa capacité à pourrir lui donne toute sa valeur. La macération produit la plus fine eau de rose. Enfin, cette glaise incertaine me semble le ventre de la terre qui prépare une naissance. Tout peut naître aussi de cette boue historique dans laquelle nous sommes jetés. Un fait anodin peut devenir un grain de lumière ou un événement qui sortira de cette gangue. Entre l’aube et la nuit qui tarde à s’accroupir, entre le débris et le germe se dresse une frontière tenue. Dans notre ventre de femme ou sur la terre, un avenir se forge à notre insu dont on ne devine pas la forme achevée. Votre réflexion sur la glaise dont nous naissons m’évoque ce quatrain d’Omar Khayyam: XLIX
« Ce narcisse qui tremble au bord du ruisseau, ses racines sortent peut-être des lèvres décomposées d'une femme. Que tes pas effleurent légèrement le gazon! Dis-toi qu'il a germé dans les cendres de beaux visages qui avaient l'éclat des tulipes rouges ».
Il faudra attendre les prochains textes. Le pacte de lecture ne m'oblige pas à tout révéler. Cependant, j'ai hésité à publier ce texte dés le départ, ici. Ce qui m'a décidé à le faire, ce sont VOS textes et l'authenticité de vos écrits. Il faut prendre les textes "HEY YOU" comme un effeuillage progressif. C'est de la non-fiction: la mise à nu est toujours plus difficile. Les réponses arriveront progressivement.
Merci Myriam...Italo Calvino aurait dû avoir au moins 2 vies. Revenir et écrire à nouveau. Aucun de ses livres ne m'a jamais déçu...je crois que cet homme s'est amusé toute sa vie, comme un gamin brillant et rieur, devant la page blanche :)
Merci Myriam pour cet avis éclairé et très précis. J'aime beaucoup l'idée suivant laquelle, Style et défaut sont les deux côtés d'une même chose. Je vais vraiment la garder comme point cardinal, dans l'acte de créer:
Chaque voix est unique, et traverse l'Histoire à sa façon. Les petites histoires en disent toujours plus long, et souvent plus vrai ou plus juste, que la grande.
Je suis vraiment d'accord avec toi, il ne faut pas chercher la perfection, juste la perfectibilité. Le plus important est, surtout aujourd'hui où la communication est partout, et l'information quasi nulle part, de témoigner de notre époque.
Aussi, je lis tous les textes de cette plateforme avec une soif inextinguible, car ils correspondent à ce que je souhaite lire. Merci encore pour ta précieuse et bienveillante critique.
Sinon, j'ai laissé les 2 textes publiés (je leur ai juste réattribué les chiffres 2 et 3, au lieu des 9 et 10 initiaux) :)
cher Perthro Lire votre sonnet a été pour moi une grande source de joie. Vous maîtrisez l'art du sonnet à la perfection et je commencerai par un commentaire technique, car votre facture est parfaite et donc il n'y a pas grand-chose à dire. Vous avez respecté la structure du sonnet en deux quatrains et deux tercets, vous avez écrit des alexandrins parfaits respectant la césure et toutes les rimes sont justes. Vous respectez même les mots pluriels rimant avec des mots pluriels, ce qui est extrêmement rare dans la composition des sonnets actuels. Vous rimes sont riches, et vous avez choisi les rimes embrassées pour les quatrains, ce qui donne une ampleur à votre texte. Étonnamment, vous avez introduit un trimètre dans le premier tercet, ce qui produit l'effet d'un temps syncopé en musique, y ajoutant très habilement un enjambement, et c'est vrai que l'on passe de la musique de Mendelssohn, à la musique de Ravel dans ce tercet. J'aime beaucoup cette rupture de rythme qui reste techniquement absolument parfaite; voilà pour le côté technique. Sur le fond du poème, vous avez choisi pour les deux quatrains des questions, comme des contemplations. Vous n'êtes pas sans me rappeler Lamartine. En promenant votre regard avec ces questions vous énumérez toute l'Egypte et sa grandeur que je vois apparaître comme dans un livre d'images. Le premier tercet restant sous forme de questions intensifie l'émotion, et, le souffle que vous abrégez non seulement par le premier vers mais surtout par le dernier vers en trois trimètres traduit l'émotion palpable de l'homme en face des ruines d'une civilisation grandiose. Dans votre dernier tercet, avec ce nous si marquant, vous nous guidez, palpitant, vers le dernier vers, qui comme dans tous les bons sonnets, est un vers plus puissant que les autres, une sorte de conclusion en apothéose. Comment pourrais-je vous féliciter pour la très haute qualité de votre écriture et votre connaissance absolue du sonnet, sinon en vous remerciant d'avoir participé à cet atelier et donné aux autres lecteurs un magnifique exemple d'une écriture classique parfaite ?
Merci beaucoup pour votre générosité et pour nous avoir offert un travail de cette qualité. Je vous rappelle que je vous enverrai un exemplaire du « voyage bleu » quand vous aurez communiqué votre adresse à Léo qui me la fera suivre. Ce sera un plaisir immense de vous en offrir la lecture et de vous remercier par là pour votre participation à cet atelier, dans lequel j'ai eu le plaisir de croiser tant de belles compositions. Très cordialement, Francis Étienne
Merci Léo pour ton commentaire qui encore une fois me touche beaucoup et approche ce texte dans une profondeur que toi seul peux explorer avec justesse. L'accumulation des éléments les plus divers et particulièrement ce qui concernent la boue, cette glaise qui nous répugne tant et d'où sort toutefois la vie. Tous ces éléments qui touchent à la terreur du rêve, l'ombre, la muraille ou la broussaille nous engagent à réfléchir qu'ils sont aussi des éléments de la beauté et parce que précisément ils engendrent la peur, des éléments aussi qui aiguisent notre attention bien entendu. La vie depuis, qu'elle est vue, triomphe toujours de la mort, c'est peut-être là le message plus important que la poésie reprend sans cesse, avec ses symboles, avec sa mélodie, avec ses couleurs, ses transparences mais aussi ses silences. Nous sommes tous engagés sur le chemin de la mort, mais nos vies doivent amener de la lumière, cette partie est la seule qui restera et de qui nous survivront avec l'authenticité et la particularité de notre personnalité unique. Mes poèmes paraissent parfois assez sombres, parfois très pessimistes, parfois presque désespérés, mais ils ne sont qu'une illustration de ce que je vois passer de la vie, qui m'intéresse au plus haut point, comme si je contemplais une fleur qui fane, car nous avons l'impression, l'illusion d'être constant dans le flot du temps qui nous emporte, alors que nous changeons et c'est ce changement qui m'intéresse. Il n'y a pas de tristesse à contempler une fleur qui fane, mais nous devons la regarder comme une évolution du temps qui nous entoure. Or nos émotions, nos sentiments, nos peines et nos joies, elles ne sont pas soumises à l'emprise du temps, et c'est peut-être la raison pour laquelle vivant essentiellement de sentiments, notre illusion de ne pas changer face au monde ,qui nous entoure et dans le monde ,mettent ce sur nos yeux un bandeau de ténèbres, alors que la lumière nous entoure. Merci encore Léo pour ce commentaire très riche qui ouvre en moi une nouvelle analyse de l'écriture. Je te dis merci et à plus tard. Cordialement, Francis. Des froufrous de soleil flottent dans la lumière et viennent se glisser sous un toit de chaumière.
Bah, là je ne comprends pas pourquoi le lecteur serait un abruti. Moi je trouve ça original de prendre le point de vue d'une tasse de café pour le défi soi-même comme un autre. Non seulement, c'est original mais surtout c'est amusant. Moi, à l'époque j'avais pris le point de vue de mon N+1 ce qui n'était pas littérairement élaboré mais thérapeutiquement cathartique. As-tu participé à cet atelier aussi? Si non, quel point de vue prendrais-tu pour te décrire comme un autre? Tout dépend de pourquoi on écrit, exercer sa plume? se mettre du baume au coeur? etc. Là d'un point de vue littéraire, je trouve la chute originale. Et puis, si on me parle d'Italo Calvino, d'emblée pour moi, ça part bien.
Hello! Je ne doute pas que même avec 10 ans de plus que sa compagne, le narrateur de ce texte soit encore "frétillon et coquet". La question se pose de savoir ce qui frétille ici, la flamme? Serait-il moins empressé? Soupirerait-il moins fort? Personnellement, le terme ne me choque pas s'il traduit exactement la pensée du narrateur: si le personnage n'est pas le genre à soupirer mais plutôt à frétiller pourquoi pas. J'avoue que j'ai franchement ri du rêve car j'ai imaginé l'amoureuse faire ses bagages avec le membre d'un groupe de Britpop pourquoi, je l'ignore, référence à la batterie? ... À plus tard.
Re-bonsoir Lucie R, c'est bien de le mentionner dans le profil car tout le monde n'écrit pas pour les mêmes raisons et ça évite bien des malentendus. Pourquoi Dente? 1. parce que vous êtes italianiste et a priori bilingue si j'en crois votre poème 2. qu'à priori vous aimez les mots ou les jeux de mots si vous avez fait des études littéraires. 3. Que les chansons de Dente que j'ai découvertes en voyage me semblent extrêmement habiles avec de nombreux jeux de mots ou devinettes que vous pouviez apprécier ou non (je pense notamment a settimana enigmistica avec des devinettes et aux jeux de mots dans cuore di pietra preziosa), 4. Enfin et surtout pour avoir un avis éclairé d'une personne bilingue sur la qualité littéraire de ces textes qui restent estampillés comme des chansons pop et non des poésies (ce n'est pas Eugenio Montale).
Bonsoir Myriam ! Je vous remercie pour votre réponse. Ce que j'attends en écrivant ici c'est une bienveillance réciproque et rien d'autre. Avoir cela me permet de retrouver confiance en moi comme en les autres, et je suis ravie que le respect s'impose. Quant à Dente je viens de le découvrir, je ne le connaissais pas. Cependant la raison qui vous a amené à me poser cette question m'interpelle...
Et l’on rêverai connaître ces livres qui conjurent et osent défier la nuit planquée six pieds sous terre. Un texte court mais qui laisse énormément de choses en suspens. Le silence vaut bien des paroles, et les livres bien des vies. Merci Floriane.
Café- (presque) clopes - souvenirs… le combo gagnant pour un souffle de nostalgie. Ça fait vraiment plaisir de te voir renouer avec ton écriture, la tienne, authentique et vraie, naturelle et du coup fluide. Il n’y a que « ne me fait plus frétiller » que je trouve gênant et même pas très élégant du tout. Continue sur ta lancée !
Ravins, murs et murailles qui viennent à empêcher, l’eau croupie ou au sang vif dans laquelle semble s’écouler la malediction. Sans compter la nuit, les ombres et même la boue qui prennent place contre un grain de soleil ou quelques bulles de lumières. Mais tant que la lumière fait acte de résistances l’espoir est toujours permis.
Cher Léo, merci beaucoup pour un commentaire qui une fois de plus analyse et perçoit parfaitement l'équilibre poétique de ce texte. En effet, « sur la tranche de l'éphémère » « une implacable dualité » fait pencher le destin des hommes d'un côté ou de l'autre. Et quels sont ces deux côtés ? Le bien et le mal. L'idée chrétienne du péché est la même. Tous les hommes tombent un jour ou l'autre du mauvais côté et si je suis en principe d'accord avec Rousseau « l'homme est bon par nature » parce qu'il est une création de Dieu, je ne suis pas d'accord avec lui lorsqu'il nous dit que la société est la source de sa corruption. La société ne fabrique pas le péché, ni le mal, la société est amorale. Elle n'est que la somme des consciences individuelles, et il est rare de voir une société entière pencher du côté du mal, même si l'Allemagne des années 1930 pourrait faire penser à ce que cela soit vrai. C'est ce que aujourd'hui nous vivons aussi, un aveuglement de certaines tendances de la société sous l'influence de doctrines fumeuses peut nous faire penser qu'une société peut devenir mauvaise et détruire ses membres par doctrine, en somme une forme de médicaments puissants. La poésie par contre traduit cette « partie étroite de l'éphémère » qui montre le bien et le mal. C'est un peu la vue de Faust qui tente en promettant, ou celle du diable qui tente le Christ dans le désert, étalant devant chacun de la tentation. Or la poésie présente aussi cette tentation, par la beauté des mots et surtout par la proximité du souffle du diable. La poésie est un étrange moyen de s'habituer au diable. Mais me voilà déjà embarqué dans un commentaire de plus en plus sournois. Aussi laisserai je la mon propos ! En tout cas merci encore pour ton beau commentaire et surtout pour ta fidélité. Cordialement à toute suite. Francis. En pipant des dès d'or on joue à hazarder
Quelques mots de bonheur qui aiment lézarder.
Chère Lucie R, je viens de lire l’élément supplémentaire dans ta biographie. Les productions seront peut-être variables pendant un temps mais tu sais je crois sincèrement que chaque partage de texte ici est un cadeau et une marque de confiance du moins je les lis comme ça. En ce qui me concerne, je souhaiterais que ce lieu soit un espace sûr pour tous et non un endroit où l’on se sent jugé. En tous cas, en récitant ton poème j’ai bien cru retourner en Erasmus et c’est très plaisant. Merci du partage ! Question subsidiaire: si tu aimes la poésie, est-ce que tu aimes les poèmes/chansons de Dente? Donc merci du partage. A bientôt Lucie R
Bienvenue à vous et bravo. Vous nous offrez un très beau texte très bien écrit et très juste aussi. L’arrivée de la fée m’a fait penser au conte de la petite marchande d’allumettes. Peut-être la dureté, la misère la froideur extérieure à laquelle l’âme résiste par une douce hallucination. J’aime la littérature enfantine ça doit être pour cela. La présence de la fée même si elle est hallucinée est salvatrice et donne une note d’espoir qui permet d’échapper au fameux triptyque errance, déshérence, désespérance terrestre: c’est très fort car car cette figure rêvée est céleste tout en étant présentée dans un cadre hyper réaliste. Très belle lecture pour moi et merci du partage !
Bonjour et bienvenue Engome. Malheureusement, n’ai pas eu le temps de lire ton texte HEY YOU 10 avant qu’il ne disparaisse. C’est dommage que la critique ait conduit à supprimer ce texte avant que d’autres ne le lisent. Tous les avis ne sont pas identiques. Celui-ci est rudement bien construit avec une architecture solide qui sert le rythme. J’apprécie particulièrement la pensée introductive qui campe le motif de la visite, l’alternance entre discours rapportés, discours intérieurs et la mise en place des concepts au cœur de la vie quotidienne et de la conversation ainsi que la chute. Les concepts sont incarnés dans ton texte. C’est super. Peut-être que l’autre possédait une architecture moins solide. Cependant comme chez le coiffeur, il vaut mieux avoir beaucoup de matière à mettre en forme que d’écrire une perfection plate et égale. C’est plus prometteur je trouve. Surtout quand on fait la liste des premiers essais moyens d’auteurs géniaux: Jean Santeuil, Le Rose et le Vert … etc. A côté, on peut lire du Octave Feuillet dont les textes sont parfaitement plats. Bref, je trouve que le style ce sont des défauts maîtrisés. Dans ce sens, nos textes imparfaits il faut les chérir très forts je crois. Ils sont toujours perfectibles et ensuite ils recèlent en les travaillant la pâte d’un style inimitable. N’hésite pas à laisser poser plus longtemps ta patine que j’aie le temps d’y jeter un œil la prochaine fois. Encore bravo et bienvenue !
Merci pour ce commentaire très encourageant! Ces alexandrins m'ont rappelé des souvenirs. Je n'en fais plus beaucoup aujourd'hui. Ah, ce fameux vers... J'ai voulu, comme les romantiques, faire un trimètre, c'est à dire 4 - 4 - 4. Ça permet un vaste enjambement et casse le rythme. Mais c'est vrai qu'en poésie classique, il n'est pas toujours accepté de placer deux césures au lieu d'une. A suivre donc...
Merci Leo pour ce retour. Les sujets de concours et des ateliers sont très bien pensés: ça facilite l'écriture un bon canevas. L'angle de vue est déjà donné: yapluka :)
Mais j'attends avec impatience l'espace collaboratif car, vraiment, je ne sais jamais ce qu'il convient de développer. Ma plume est lacunaire: j'aimerai bien apprendre à développer ce qui doit l'être dans un texte.
Bien que j'ai déjà publié 3 livres, c'est quelque chose que je ne sais pas faire. Aussi pour éviter les longueurs, je fais court.
Des livres comme "La Perle" de Steinbeck ou "Shogun" de James Clavell sont des exemples de cette maitrise absolu du travail d'orfèvre dans l'écriture, de l'artisanat ciselé des mots, du "pas un mot de trop".
Je sens que c'est le bon lieu pour apprendre à faire cela. Merci encore: Ce site est très bien organisé. Je ferai régulièrement des chroniques de livres.
Merci pour Thomas More dont j’ignorais même l’existence, une référence de plus, associée à ton analyse pointue qui semble créditer l’idée que l’Histoire est un éternel recommencement.
De la sensualité troublée toutefois par des bruits et des ombres qui semblent conspirer de concert. L’envoûtant semble n’être qu’illusoire, pire, tragique, si l’on en juge l’enfer précédé du glas. Ton poème tout en subtilité et baigné de mystère, une nouvelle fois rappelle l’implacable dualité à laquelle s’adosse le bon et le mauvais, sur la tranche de l’éphémère.