La texture est en fil rouge de ton poème et l’habille avec charme et élégance. Ton art explore un nouveau domaine à mes yeux, celui de la haute couture qui sait assembler l’imprévu et le faire briller de mille feux. Cette danseuse en apparence nue se pare à mes yeux de tes magnifiques alliages oniriques, un bien joli défilé poétique.
Tes vers semblent tout droit sortis d’une baguette magique qui est parvenue à transformer ta foisonnante imagination en une œuvre qui nous enchante avec brio. Il y a dans ton élixir, des teintes, de la tendresse, du divin avant le chaos, un tout qui bouillonne pour infliger un puissant châtiment. Bravo très cher Francis Etienne.
Bonsoir Agathe, oui cette colère est légitime et même nécessaire pour certaines victimes de cette terrible maladie qui a d’ailleurs emporté bien des auteurs que j’ai pu côtoyer. Et je suis sûr que bien des personnes qui ont pu l’affronter se retrouveront dans ton texte. C’est important d’être en porte-voix pour celles et ceux qui n’ont pas toujours les mots pour dire. Je souhaitais relever également tout ces très parlants passages, mais Myriam l’a fait et extrêmement bien fait avec toute la sensibilité qui est sienne, et me range vraiment derrière, je ne l’aurai pas aussi bien et justement dit qu’elle. Bravo et merci Agathe pour cette contribution très importante.
Très bon cet extrait. Tu dépeins décidément bien ceux de cette génération. Des rituels de sociabilité assez opaques, des recettes de cuisine immuables, une absence totale de volonté de changer le monde et la tyrannie des habitudes. Ils étaient probablement trop occupés à survivre pour vouloir changer quoi que ce soit. Je prends les actes de résistance comme de la survie, une volonté de se défendre mais pas forcément d’inventer quelque chose de nouveau. L’implacable « droit d’aînesse» et la fierté d’être doyen pour régner en maître incontesté sur sa famille ou sur son canton c’est très bien vu aussi. Chapeau!
Peut-être qu’il y aurait besoin justement de ce genre de sujet avec ces mots-là. Après tout, une raison d’écrire cela est probablement qu’on ne le trouve pas ailleurs: pas sous cette forme, pas avec ces mots. Le dernier bouquin sur le sujet -un roman- m’est tombé des mains. Ce n’était pas mal écrit, c’était accessible c’est même un best seller mais c’était vide d’expérience et d’une certaine façon de réflexion. Dans ton texte, le patient semble bombardé de termes techniques. En parlant des émotions du patient sous cet angle, tu proposes une véritable réflexion éthique à n’importe quel soignant. Ça saisit, ça se lit vite mais on le garde en tête pendant la journée. Un livre qui aide à prendre du recul face à la pratique, je pense qu’il serait utile et pas qu’à moi.
Ton message me va droit au coeur et parle tellement de la réalité que je me dis qu'on est toutes deux ce qu'on appelle dans le fameux jargon " du milieu". J'ai rencontré ces regards de patients, au centre du débat clinique dans une chambre. J'ai assisté aux staff où ce même patient est "classifié" par le biais d'une codification qui le dirige vers un protocole. Mais je ne suis pas là pour dénigrer le système puisqu'il permet de structurer sans affect et par là-même de sauver des gens en ne faisant pas intervenir sa propre opinion. Mon tecxte est une approche côté patient, sa colère, ses peurs et le refus qui permet, à mon sens, de se battre sans subir même s'il faut parfois abdiquer en dernier ressort. Ce texte fait partie d'un ensemble que j'ai écrit sur le Cancer ( à l'époque où l'une de mes proches avait abdiqué). J'avais souhaité traité le sujet sous plusieurs angles avec tout à tour, de l'ironie, de l'espoir, de la tristesse, de l'humour et aussi de la colère. J'ai eu le plaisir de retrouver mes écrits dans mon ordinateur, à l'occasion de ce défi ( Merci Léo) , en me disant que j'aurais peut-être dû les publier. Mais ce n'est pas un sujet simple et porteur. Raison de plus pour apprécier ton retour et celui d'un fils de Louis. Merci à vois deux !
Merci pour le temps que tu as consacré à ce texte et à la rédaction de ton commentaire. J'ai du mal l'exprimer. Merci aussi pour ton interprétation. ;-)
Hé bien voilà c'est tout moi ça. A l'origine, j'avais écrit "leur tour" et "leur passeport" au singulier car il n'en n'ont qu'un seul chacun. Et me voici chez le coiffeur en train de me dire, "frisée et lisse" ? et en même temps "singulier ou pluriel" ? Et voilà que je mets un pluriel et que que je me retrouve cheveux lisses... Je m'empresse de corriger les deux. Merci pour la correction et le ressenti !
Pauvre enfant! On a envie de lui sortir un livre de "Macha la Vache" et de lui faire réaliser quelques grimaces pour remettre la langue en place! La voisine me semble particulièrement "niaise" parce qu'il faut être un peu "niais" pour vouloir vérifier que la même action produit toujours le même effet. Pour le reste, je me demande s'il n'est pas plus socialement acceptable de se moquer de la formulation approximative de l'enfant qui parodie involontairement celle des adultes que des expressions des adultes. Il aurait été plus délicat de se moquer de la fierté du "père" vis-à-vis de sa voiture que de la parodie du fils. C'est toujours dommage de renoncer à expliquer à un enfant. Je crois que ça a toujours été, cette histoire "d'Opel Kadett d'origine" me fait penser à Alice qui cherche le sens de "longitude" et "latitude" ou de ceux qui s'interrogent sur la mystérieuse "huile de coude".
Bonjour Agathe, je trouve ce texte génial parce qu'il met le doigt sur une réalité quotidienne côté soignant/soigné. "Parler de moi à demi-mots": on entend encore trop ces débats de salle de garde sur les vignettes cliniques DEVANT des patients eux-mêmes. Le "cas clinique" est une personne qui aimerait bien qu'on la regarde, les chambres deviennent des moulins où l'on perd la notion d'intimité, de distance: c'est insupportable car c'est maltraitant pour tout le monde ... alors oui, il faut se défendre:"sans un cri et sans voix je gueule": il y a de ces regards comme ça. "Avec leurs morts encore vivants et leurs vivants pas encore morts": en une phrase voilà l'ambiance des soins palliatifs, c'est sain de ne pas vouloir y aller. C'est criant et d'une grande justesse: au moment de la pose d'un diagnostic avec pronostic "sombre", les personnes perçoivent un univers où ils n'auront bientôt plus leur place, le temps passera sans eux. Tu dis cela très bien. Et ça me remue parce que ça me pose personnellement la question de l'annonce diagnostique ou comment dire quelque chose à quelqu'un qui n'est pas en état de l'entendre... il y a ceux qui se réfugient derrière des données probantes "néo", "méta", "grade" et personne ne comprend rien car on assomme les gens sous le jargon technique. D'autres envoient leur patient avec une ordonnance aux initiales de mauvais pronostic avec un énigmatique "D.C.B" et le patient ne sait encore rien... Je garde ça en tête pendant la journée car aujourd'hui c'est le jour des amoureux de "l'automne des sentiments", ceux dont le bonheur ne fane pas. ^^^À bientôt.
Petites fautes formelles pour commencer et pouvoir finir avec le meilleur. Lorsque les possesseurs en possèdent chacun un et un seul, le leur reste au singulier. Donc "Qui attendent leurs tours patiemment En serrant trop fort leurs passeports." devrait être "Qui attendent leur tour patiemment En serrant trop fort leur passeport." Le flow saute aux oreilles ! On ne peut pas lire le texte sans entendre la voix qui le crie. Et c'est bien aussi de tourner ce "défaut" en une caractéristique. Pourquoi s'exprimer serait un défaut. Chacun fait de son mieux. S'il crie, c'est que c'est le mieux qu'il puisse faire.
Très cher Léo merci encore pour ta sensibilité à ce texte. Ce n'est certainement pas à toi que je vais apprendre à savourer l'amitié des livres. Lorsque j'en lis un d'un autre siècle, d''un autre pays, d'un autre récit, c'est dans le cœur et l'esprit de son auteur que je pénètre, comme dans un musée. Les livres ont leur personnalité, leur place dans la bibliothèque, leur couche à côté de notre lit et quelquefois même dans notre lit. (Je dors en ce moment avec Don Quichotte dans la très belle édition illustrée par Gustave Doré), j'ai besoin de les toucher, de les ouvrir, de regarder leur tranche, de deviner leur nom, d'en lire une page au hasard, comme si le destin avait jeté des idées entre mes mains. Les livres en effet ont leurs odeurs, leurs couleurs, leur encre, leurs galons dorés, leurs magnifiques gravures ou simplement cette anonyme beauté qui nous surprend et nous séduit comme Odette de Crécy a pu séduire Swann, et comme lui, on pourrait dire à la fin de leur lecture : « et pourtant ce n'était pas mon genre de femme ». Les livres parlent entre eux, ils s'aiment ou se jalousent, ils se groupent en petit peuple farouche du privilège d'être des livres, ou bien solitaires pénètrent nos rêves et s'y installent en bousculant nous âmes sans aucune manière. Merci Léo pir ce conseil d'une relecture du texte ; il est vrai que parfois les mots chantent avec plus de voix, lorsqu'on les relis. Merci très cher Léo Léo de cœur pour tant de gentillesse. Cordialement. Étienne. Le soleil courroucé sur son carrosse en verre Darde de ses rayons le dernier réverbère.
Cher très cher Léo merci encore pour ce magnifique commentaire et ton compliment. La tristesse, ce que tu appelles" une insidieuse dépression" est aussi un élément de la poésie, parce qu'elle est l'expression de la fluidité du temps. Personne n'est triste dans l'instant présent, mais c'est par la perte d'un passé ou par la crainte d'un avenir que la tristesse nous fait rentrer dans son royaume. Le romantisme du dix-neuvième siècle de Lamartine à Chopin en a fait sa matière de création en en exagérant le poids. C'est précisément dans la complaisance dans la tristesse que nous construisons une blessure suffisamment superficielle pour qu'elle soit délectable, mais si la tristesse bascule dans le désespoir, noud ne sommes plus dans le même registre. C'est pour cela que la tristesse est très intéressante en poésie. Elle permet l'exploration d'un sentiment commun de faiblesse qu'il est facile de partager dans la compassion de l'autre. Je suis parvenu à exprimer de la tristesse, voire du désespoir, sans « pathos » car il n'y a rien de plus laid que la mièvrerie. Merci encore une fois Léo pour m'avoir donné l'occasion de répondre à ton commentaire avec autant d'intimité. Cordialement F. Étienne. Un bijou serti d'or scintille dans la nuit Comme une main s'endort sur le sein de l'ennui.
Bravo, c'est très réussi ! On se figure très bien l'ambiance de ces années que ce soit dans l'évocation des voix "celle de Line Renault" ou les références aux speakerines. On imagine sans difficulté le téléphone à cadran dans une scène sans qu'il ait besoin d'être décrit . Je lirai la suite rapidement. À bientôt.
Un bien bel hommage à celui qui traverse les siècles, les âmes et les cœurs. C’est ce qui nous survie, nous complètent, nous prolongent… ton poème mêle la matière aux odeurs, au toucher, aux sens, c’est très réussi et il est bon de le relire plusieurs fois. À plus tard et encore merci.
« Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait » disait Mark Twain et c’est assez incroyable tout ce qu’ils ont fait avec les moyens de leur époque. Et aujourd’hui, sur tout un tas de sujets on sait que c’est possible et on ne fait rien… ton écriture est très efficace pour faire renaître des situations universelles et les remettre en perspective, cela fait réfléchir, merci à toi.
Merci pour ce nouveau texte Patrice qui nous fait remonter le fil de tes souvenirs d’origine. Dur d’apprendre lorsque personne n’explique et pire se joue de la personne en difficulté. L’enfance est pavée de petites « cruautés » qui marquent au fer rouge des pans de nos vies. Merci d’avoir mis la photo en illustration, car c’est quelque chose l’Opel Kadett.
Mot après mots et vers après vers, l’insidieuse dépression prend possession de tout. On ressent bien se propager une chape de tristesse et surtout la très grande difficulté de pouvoir la contrer. Une petite chanson lancinante jusqu’à ce que survienne le dernier souffle. Bravo pour cette nouvelle très belle réalisation mon cher Francis Etienne.
Mon cher Léo, la citation de Boileau me touche au plus profond. Merci merci. Que rajouter à une telle grandeur, à une telle sobriété et à une telle élégance? Boileau est quelqu'un que je connais assez mal mais dont je lis de temps à autre des passages. Ce que je recherche en lui c'est en effet la rigueur de la technique, et surtout cette absolue recherche de la simplicité. Instruisant le dauphin, il a instruit tous les écrivains. Il est bien vrai que chacun de mes poèmes reflète cette lumière de Boileau, qui pour être feinte, n'a n'est pas moins une lumière. Ce qui m'étonne souvent dans la mauvaise littérature (pardonne moi d'être présomptueux !) c'est son obsession de ne pas suivre la règle, alors qu'il faudrait l'appliquer à la lettre. Les écrivains qui restent dans l'histoire sont tous des hommes de rigueur Les autres sont des bricoleurs du dimanche. On peut ressentir de belles choses, d'en décrire une image, et on peut reporter ça sur une page, cela ne fera jamais un poème. Merci Léo d'avoir comme à ton habitude guider l'aveugle que je suis. Très cordialement, F. Étienne. En glissant sur le soir la brume en étendard Plisse du velours d'or à la pointe d'un dard.
Mon cher Léo, je te l'ai déjà dit, je crois, grâce aux mots et par leur pouvoir j'ai pu pénétrer des mondes durs, qu'on ne traverse pas sans se déchirer la peau. Cette connaissance est aussi ce qu'exige l'approfondissement de la poésie. Les derniers sacrements, autrefois qu'on appelait le viatique, se prennent sur la frontière entre la vie, la souffrance, et la mort. Cueillir les images qui permettent de faire comprendre, de faire ressentir, et d'illustrer ces déchirements extrêmement douloureux de la poésie, est ensanglantant. Pour la plupart d'entre nous nous nous ne veulent pas aller jusqu'à cette frontière et pourtant il faudra la traverser. Grâce à la puissance des mots on peut flirter à la frontière. La légende raconte que Marcel Proust aurait approché cette frontière volontairement, avec le risque d'affaiblir son corps. On trouve chez lui cette torture que son les combats de la volonté contre les instincts, les luttes absolument pour garder la vie, qu'il a magnifiquement retrouvées à travers sa recherche et sa technique. Merci Léo pour me dire « très habile », cela construit en moi une certitude : la poésie sera toujours, alors je la soigne… merci encore de tout cœur Léo. Cordialement, F. Étienne. Quelques lambeaux de mots jonchés de caramel Invitent les soldats à pleurer au Carmel..
Cette Marie-Gabrielle que l'on aurait pu penser gentiment profiteuse est finalement assez machiavélique. J'aime beaucoup moi aussi les deux points de vue même si j'aimais presque mieux Marie-Gabrielle à travers les yeux de Benjamin. Ce qui me plait beaucoup, ce sont les clins d'oeil successisf au cours du récit : la colère et la paresse, le rappel de l'héroïne de Deauville, le Glamping, l'employé qu'on retrouve ici. C'est chouette cet ensemble...
J'ai hâte de savoir comment notre Benjamin a géré Marie-Gab l'aventureuse. Comme Léo, j'apprécie l'attention que tu portes au lecteur en lui apportant des images. Vraiment très agréable, de même que la fluidité et l'humour délicat de ton écriture. Merci !
Un billet d'humeur à l'humour corrosif. Hormis l'identité du personnage véridique de ton billet, j'identifie un besoin de sortir du conservatisme familial en prenant le contre-pied d'un parcours classique et tout tracé. Cependant, si l'anti-conventionnel et la liberté me parlent, ce Cyril Valéry Hanouna a bel et bien l'air d'être tombé dans le système...
Oh comme je me suis laissée portée par les images de ton récit qui emmène le lecteur vers une douce torpeur. Moi aussi, j'ai adoré tremper dans ce bain finlandais à 38°, bercée par le chant des oiseau et la douceur du vent. Moi aussi j'ai chuté vers la paresse avec gratitude et moi aussi j'ai détesté ce type dans sa voiture de golf. Du coup, je viens de faire une recherche sur Google pour dénicher un Glamping sans gardien. Glamour camping, je n'ai pas trouvé, mais Glandouille camping oui. Du coup, j'ai réservé....
Un grand merci pour ton analyse. S'il s'agit bien d'un conte revisité, je t'avoue ne pas avoir imaginé l'objet magique, il est venu au fil de l'histoire. quant à la morale qui effectivement se met plutôt à la fin du conte, j'ai choisi de prévenir d'emblée le lecteur qu'on était dans un conte moderne mais pas si fictif que cela. Néanmoins, la survie capitale en cité doit ressembler un peu à cela parfois.... Je vais de ce pas découvrir tes textes, Myriam ( c'est ton prénom ?)